Le texte des Centuries
lui-même est un extraordinaire témoin de son époque. Mais aussi un ouvrage
rédigé en vers au style certes étrange, mais poétique, parfois mélancolique,
parfois mordant. Ainsi un quatrain émouvant évoque la mort de François Ier; un
autre finit par un jeu de mots très clair: "diront qu'il dort léans".
Dans la lignée de
l'Humanisme, les Centuries montrent le souci de laisser une oeuvre universelle,
savante, où les allusions au monde antique sont nombreuses. Mais le caractère
de Nostradamus est souvent proche de celui de son contemporain Rabelais; le
style des Centuries hérite de cette autre influence: mordant, ironique ou
dépité devant les folies de l'époque. Au final on trouve dans les Centuries ,
dans "un langage riche en néologismes, énigmes, allusions" et
symboles, "à la manière d'Esope,
puis des fabulistes et des prophètes du Moyen-Age" (Marc Luni, "Nostradamus: les
Centuries, Première traduction intégrale, commentée et datée", Dervy, 1998),
une grande leçon sur l'Histoire des hommes.
De grands auteurs ont évoqué les Centuries de Nostradamus. Ainsi, en
parlant des almanachs, et autres oeuvres populaires de la Renaissance, Robert
Sabatier, de l'Académie Goncourt, a écrit:
"La poésie y existe dans
l'astrologie et un Nostradamus avec ses "Prophéties" voyagera dans le
temps et donnera à rêver. On se penchera longtemps encore sur ces quatrains
pour les interroger sans se soucier de leur valeur poétique. Or, dans leur
composition froide et baroque, la poésie, soeur du mystère, a trouvé à se
loger. Ce blasonneur de l'avenir est troublant. Eut-il eu la voyance? Ses
quatrains sur la mort d'Henri II et de Charles Ier, sur l'avènement de
Napoléon, sur le "règne" de Philippe Pétain, font penser à des
pouvoirs prodigieux. La Renaissance nous a-t'elle livré tous ses secrets?"
(Robert Sabatier, de l'Académie Goncourt, "Histoire de la Poésie
Française", Albin Michel, 1975)
Georges Dumézil, de l'Académie française, écrivit aussi une agréable
nouvelle, dialogues et réflexions autour du fameux quatrain "le moine noir
en gris dedans Varennes".... Dans sa "sotie nostradamique",
sous-titre de l'oeuvre, il témoigne notamment de la richesse que l'on peut
tirer de quelques mots insignifiants pour certains.
À cette liste il faut ajouter Emmanuel Le Roy Ladurie, professeur au
collège de France et membre de l'Institut: "Là où certains veulent voir en [Nostradamus] l'incarnation de
l'ésotérisme de la Renaissance, je dirais plutôt qu'il s'agit d'un homme des
Lumières renaissantes de notre Provence (...) Nostradamus représente ce qu'il y
a de meilleur dans la civilisation provençale de l'époque (...) Pour moi
Nostradamus est un grand poète: l'obscurité même de ses textes fait de lui en
quelque mesure le contemporain de nos poètes actuels, qui sont souvent fort
obscurs, mais très éloignés d'avoir son talent!" (Fig.Mag. du
12.06.99)
Le grand écrivain américain Henry Miller aussi, ne tarit pas d'éloges
sur l'oeuvre de Nostradamus. Il l'a découverte durant son séjour français, et
grâce aux travaux du docteur de Fontbrune; s'en suit une correspondance bien
connue; il écrivit aussi pour lui la préface de "Ce que Nostradamus a
vraiment dit" (Stock, 1976)
Revu aujourd’hui, il résonne
d’une façon spectaculaire avec notre histoire récente : il montre en effet
un chef arabe attaquant New-York. Tourné en pleine guerre froide, il imagine
l’utilisation de missiles nucléaires. L’événement prédit n’a pas eu lieu en
1999 comme on le supposait mais… en 2001. Et ce ne fut pas avec des missiles
mais bien par les airs, avec des avions, que, le 11 septembre 2001, New-York
était attaquée en même temps que plusieurs autres sites aux Etats-Unis.
Les admirateurs de Nostradamus sont, on le voit, les plus nombreux et
parmi les personnalités les plus éminentes.
Avant tous ceux-là, on peut penser au contemporain de Nostradamus, qui
était aussi un ami, servant comme lui le roi Charles IX: le poète Ronsard. Ce
dernier écrivit à la mort du prophète de Salon de Provence:
"...On sait que de nature il ait l'âme subite
On sait son esprit sombre et mélancolique
D'humeurs grasses repu, le rendent fantastique;
Bref il est ce qu'il est. Si est-ce toutefois
Que par les mots douteux et sa prophète voix
Comme un oracle antique il a de mainte année
Presdit la plus grande part de notre destinée
Je ne l'eusse pas cru, si le ciel qui départ
Bien et mal aux humains, n'eust été de sa part".
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